Voici bientôt un an que notre belle forêt est partie enfumée ! Météo France avait prédit un été avec des températures caniculaires. Ce fut le cas, et qui dit longue canicule, dit très grande sécheresse, une flore devenue très vulnérable et de gros risques d’incendies. Mis à part quelques orages en juin, il n’a pas plu depuis longtemps.

11 juillet. Le thermomètre frôle les 40 degrés.

12 juillet. Dans l’après-midi, une colonne de fumée monte dans le ciel au large de La Teste de Buch. C’est le départ de cet incendie qui va détruire 7000 hectares de notre forêt.
Le feu progresse dans tous les sens. Il atteint les abords du lac de Cazaux, détruit une maison et le restaurant "La Petite Playa" au bord du lac. En forêt, une quinzaine de cabanes de forestiers vont brûler. La forêt des Landes est menacée. Un peu plus tard, il sera décidé d’élargir les coupe-feu. Sur la route de La Teste de Buch, le zoo est en danger. Il faut évacuer un maximum d’animaux. Ils seront répartis dans différents zoos. Le chenil de la SPA sera protégé par des pompiers. Des chiens sont mis en familles d’accueil.

Des volontaires en action de sécurité des populations.
Le feu et les fumées deviennent très menaçants pour les habitants de Cazaux ainsi que pour le personnel résidant de la BA120. Sur la Base, un appel à volontaires est lancé pour renforcer les services qui en auront besoin. Une trentaine de personnes se présentent et seront divisées en équipes d’intervention qui œuvreront sous les ordres du service de semaine.

Jeudi 14 juillet, 3h40 du matin. L’équipe d’Alex est sollicitée pour aider à l’évacuation partielle de Cazaux. Cette mission étant temporairement annulée, l’équipe assurera aide et soutien aux pompiers de l’Air qui rentrent de mission.

12h30, évacuations. Après un bref repos, le service de semaine de la Base déclenche l’évacuation complète des résidents de Cazaux ainsi que ceux de la Base. La route entre Cazaux et La Teste étant saturée, la population Cazaline sera évacuée en traversant la base pour rejoindre la route de Sanguinet. Les véhicules de l’Escadron de Soutien Technique Aéronautique (ESTA) perçus par l’équipe "Alex" sont réquisitionnés par la gendarmerie de l’Air puis mis à la disposition des infirmières libérales de Cazaux pour l’évacuation des personnes âgées seules, médicalisées à mobilité réduite. Elles seront mises à l’abri temporairement dans le gymnase de la base aménagé par le Centre Médical des Armées (CMA) aidé par une autre équipe de volontaires, puis rapatriées sur Bordeaux par des ambulances civiles.
Dans la soirée, l’équipe "Alex" sera sollicitée par le SAMU de Bordeaux venu évacuer une personne alitée depuis trois ans. Son état de santé nécessitant de la garder allongée pour le transfert, il faudra l’évacuer par une fenêtre. L’opération mobilisera une quinzaine de personnes. Il est presque minuit, le dernier patient quitte le gymnase et l’équipe "Alex" est toujours sur la brèche « On est tellement occupés qu’on ne pense pas à la fatigue », nous dit-il.

4 heures du matin. Remis à la disposition du Centre de Formation Survie et Sauvetage (CFSS), leur mission sera de ravitailler les équipes de pompiers sur les différents fronts du feu en aliments et boissons (barres de céréales et bouteilles d’eau). Mission accomplie, ils rentreront à la Base épuisés mais reprendront tout de même du service.

Vendredi 15 juillet vers midi, ils se tiendront à la disposition du service de semaine de la Base, rangeront le gymnase puis retourneront au CFSS pour soutien logistique.
Au port de plaisance du lac, un départ de feu est signalé. Sur ordre du chef de l’Escadron de Protection (EP), ils récupèrent un véhicule de pompier pour intervenir. C’est par une route envahie d'une épaisse fumée qu’ils y parviennent et circonscrivent ce début d’incendie.

13 heures, évacuation d'un dépôt de bouteilles de gaz.
Il faut intervenir rapidement, le feu progressant derrière le super marché de Cazaux. Bien qu'étant sous la surveillance d’une équipe de jeunes pompiers, il est urgent d’évacuer le stock de bouteilles de gaz entreposé derrière le magasin. Alex profite de son véhicule "maxciti" pour ravitailler en bouteilles d’eau l’équipe de pompiers affectée à la protection du magasin. L’opération d’évacuation des bouteilles de gaz, menée conjointement avec la mairie de La Teste de Buch nécessite 3 véhicules pour transporter et mettre à l’abri plusieurs dizaines de bouteilles. Cette opération aura duré un peu plus d’une heure puis retour au CFSS pour soutien logistique.

Dans la soirée l’équipe est mise à la disposition du chef des pompiers de l’Air. Un peu plus tard, l’astreinte passe à trente minutes, puis vers 21h30, après avoir réintégré le véhicule et rendu compte à l’Officier de Permanence du Commandement (OPC), Alex rentre chez lui, toujours en astreinte de 30 minutes.

16 juillet 8h du matin, c’est la fin de l’astreinte pour l’équipe d’Alex. La Base passe en "mode veille" et régime "astreinte Base". Mais l’incendie est loin d’être vaincu. Les pompiers, les avions Canadairs et Dashs, luttent encore pour en venir à bout.
Vaste chantier, surtout qu’à Landiras un incendie s’est déclaré presque en même temps qu'à La Teste de Buch. Il faut partager les moyens de lutte ! Entre les deux sites, ce sont 27 000 ha qui sont partis en fumée : quel désastre !
Grâce au professionnalisme et au courage de toutes les personnes qui ont œuvré sur le terrain et dans les airs contre cet immense incendie, nous n'avons pas eu de pertes humaines à déplorer.
Un très grand merci à tous ceux qui ont collaboré à la lutte contre ces feux : notre reconnaissance leur est due.

Texte de Jean-Louis Ablancourt, issu de propos recueillis auprès d’Alex, un des "volontaires" de la lutte contre les incendies de juillet 2022.